je ne sais plus comment il s'appelle. d'ailleurs, je crois que je ne l'ai jamais su. c'était un jour de semaine, j'étais venu au vieux port pour prendre des photos. je n'avais pas d'idée, et comme souvent je me laissais guider par l'intuition. alors j'ai commencé à déambuler autour du port : les planches me montrent que j'ai cherché à photographier les petits pêcheurs du vieux port. puis j'ai vu ce bonhomme, j'ai déclenché, je l'ai suivi, je me suis approché, il ne m'a posé aucune question, il s'est laissé photographié, comme si c'était évident.
j'ai laissé ces images dormir durant des années...des années pour comprendre la chance que j'avais eu ce jour là.
j'ai laissé ces images dormir durant des années...des années pour comprendre la chance que j'avais eu ce jour là.

comment vais-je l'approcher. il faut que je me rapproche, c'est vital. j'ai le trac. si je me faisais engueuler ? et puis après, pas grave, je repars dans l'autre sens.

et voilà. il me surprend entrain de déclencher. l'oeil dans le viseur, la main dans le sac. il me fait un sourire timide. il m'accepte.

il est très préoccupé par ce qu'il fait. il ne me demande pas pourquoi je le prends en photo. il ne me demande rien.

je me creuse la mémoire pour savoir ce qu'il fait. je ne sais plus. il doit accrocher un appât au bout d'un crochet. je suis pris par la magie de cette rencontre.

c'est la fin de la journée. je dois m'en aller. il ne m'a posé aucune question, rien. il m'a accepté avec mon nikon comme ça, sans rien dire. je lui promets de revenir lui apporter des images. c'était en 2004. je n'y suis jamais retourné, je ne sais pas s'il est encore là. je trouve ça triste. je pense à mon grand-père qui m'avait promis de m'amener à la pêche mais qui est mort trop tôt.